Traverser la France en voiture
Au début du mois de juillet, nous sommes retournés dans le Nord. En vacances dans les Hauts-de-France. Deux semaines. Capdenac – Lille. 800 kilomètres pour y aller, 800 kilomètres pour revenir. Traverser la France. Puis recommencer en sens inverse. Un véritable road-trip français. Surtout pour moi qui ne conduis pratiquement jamais.
Pour l’occasion nous avons loué une voiture. A un particulier. Une Citroën C3. Premier modèle. Celui qu’il y avait dans différentes couleurs pastels. Bleu ciel, jaune citron ou alors vert pomme. La nôtre est beige et affiche 300.000 kilomètres au compteur. Il y avait sur la pare brise arrière une pub. Une pub pour un couvreur zingueur. Il était écrit en grandes lettres blanches: “monbeaupignon.com”, alors c’est avec “monbeaupignon.com” écrit en grand derrière nous que nous avons traversé la France.
La climatisation ne marchait plus.
Il faisait 33° quand nous sommes partis.
L’aller
Nous avons récupéré notre “C3 mon beau pignon” en fin de matinée sur le parking du cinéma de Decazeville, Aveyron, et nous étions sur la route avant midi. Nous sommes partis en longeant le Lot et sa végétation verdoyante. Puis pendant un peu moins d’une heure nous sommes restés sur la départementale D802. Une longue ligne droite interrompue par des rond-points. A mesure que l’on s’éloignait de la rivière le paysage s’asséchait. Les arbres laissaient place à des rochers rougeoyants.
Nous sommes finalement entrés sur l’autoroute, direction Limoges. C’est à ce moment qu’Adam, celui à qui nous louons la voiture, nous a appelés parce qu’il y avait oublié ses clés. Dans le vide poche face au levier de vitesse. Nous nous sommes arrêtés à la première aire d’autoroute que nous avons croisée, une grande aire d’autoroute avec un parking pensé comme un labyrinthe et un petit centre commercial rempli de touristes masqués, en pause sur la route des vacances. Nous avons laissé les clé d’Adam à l’une des caisses et nous sommes repartis. Repartis sur l’autoroute.
Tout droit jusqu’au prochain arrêt.
Le midi nous avons mangé à L’Escale un routier près de Châteauroux. J’ai toujours aimé Châteauroux. Même si je n’y ai jamais mis les pieds. C’est le nom de la ville qui m’attire. Depuis tout petit. Un nom de dessin-animé. Quand nous partions en vacances en voiture j’étais toujours content de passer à côté de Châteauroux. Je suis aujourd’hui excité de finalement m’y arrêter.
Au routier j’ai pris un oeuf mayo, du boeuf à la provençale et une île flottante. Il était quinze heures et il n’y avait plus personne d’autre que nous et un monsieur qui avait devant lui une assiette de steak tartare avec des frites et une bière. Il était courbé et avait les cheveux frisés. Je m’attendais à le voir planter le bout de son nez dans sa viande mais finalement il a terminé son assiette sans jamais y mettre aucune partie de son corps.
Le soir nous nous sommes arrêtés dans la Beauce. Nous avons dormi chez une dame qui avait chez elle un vieux chien et deux chats. Un des deux chats s’était fait attaquer par un chien au rez-de-chaussée quand il était petit, et depuis il vit au premier étage. Depuis il n’est plus jamais redescendu. Alors que derrière la maison il y a un grand jardin, et au fond du grand jardin une rivière. Mais lui partout imagine de gros chiens lui courir après, alors c’est au premier qu’il reste. Tous les jours, toute la journée. Jamais ses pieds ne touchent autre chose que de la moquette.
Le lendemain matin, nous sommes repartis en prenant à nouveau les départementales. Nous avons traversé l’Île-de-France, une grande zone commerciale, puis nous nous sommes arrêtés en Picardie. A Compiègne, puis à Gournay-sur-Aronde, où a habité Fanny quand elle était au lycée. Ca faisait plus de quinze ans qu’elle n’était pas venue mais rien n’avait changé dans le petit village de Gournay.
En début d’après-midi, nous sommes arrivés chez mes parents, à Seclin, dans la métropole lilloise. C’était une belle journée d’été. Un dimanche. Bleu et ensoleillé.
Le Retour
Pour le retour nous avons fait la route d’une traite. Il faisait encore chaud et c’est transpirant que j’ai conduit. Nous sommes partis le matin, à 8 heures, et nous sommes arrivés pour le goûter. A 16H30. Une journée à rouler tout droit. Toujours tout droit. En écoutant la radio. Nous sommes restés sur toutes les radios sur lesquelles nous pouvions tomber. Des radios africaines, des radios latines, des radios du Maghreb. Des radios de jazz, des radios classiques, des radios métal. Des radios d’info, des radios de débats, des radios de reportages.
Nous sommes partis le lundi pour éviter les départs en vacances du week-end et sur la route il n’y avait presque personne. Personne d’autre que des touristes belges et hollandais prévoyants, qui avaient attendu la fin du week-end eux aussi. Dans leur voiture il avait de grands sourires étalés sur leurs visages. Le sourire de ceux qui évitent les bouchons. Qui à la place filent sur des autoroutes désertes. Et c’est avec un grand sourire sur le notre que nous les regardions passer.
Le midi nous nous sommes arrêtés sur une petite aire d’autoroute où nous avons mangé sur une petite table en bois, du poulet que nous avions préparé la veille chez mes parents. Quelques moineaux nous regardaient en agitant la tête de droite à gauche. Dans les toilettes il n’y avait ni savon ni solution hydro-alcoolique. A chaque aire d’autoroute où nous nous sommes arrêtés, ce qui en fait quand même trois, c’était la même chose. Il y avait à l’entrée des toilettes une petite feuille A3 accrochée sur le mur, avec dessus les consignes de sécurités à respecter pour se protéger du coronavirus, et dans les toilettes il n’y avait pas de quoi se laver les mains. Alors tout le monde repartait les mains sales. Sales et mouillées. Car il n’y avait pas non plus de quoi les sécher. Tout le monde ressortait des toilettes en agitant les mains dans les airs, comme de petits enfants jouant à l’hélicoptère. Après ils retournaient à leur voiture, pour repartir sur l’autoroute, fixer l’horizon au bout de la route pour quelques heures encore.
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