En vacances à Seclin
Ce week-end nous allons chez mes parents. Chez mes parents à Seclin, Nord-Pas-de-Calais. À quelques minutes de Lille. Mes parents ne sont pas là. Ils sont en vacances. En vacances à Corfou. Nous profitons de leur absence pour jouir de la banlieue pavillonnaire. D’une terrasse, d’un jardin. De la verdure, des mûres, des framboises. Des rosiers en fleurs. D’une cuisine. D’une cuisine qui soit une vraie pièce, et non pas que deux brûleurs posés là contre un mur. Du four, d’une machine à laver. Du lave-vaisselle.
Nous n’en avons pas chez nous. Nous n’avons pas la place.
À la place nous avons de grandes fenêtres, trois mètres de hauteur sous plafond, un vieux parquet abîmé, et deux rebords de cheminée en marbre sur lesquels nous pouvons poser tous les objets que nous ramenons de voyage. Nous vivons aussi dans l’une des seules rues de Lille où il y a des arbres, et le matin nous nous réveillons en écoutant les oiseaux chanter.
Ça me suffit bien assez.
Pour le moment, en tout cas.
Nous partons directement en sortant du travail. 16 heures. Il fait beau et chaud. Il doit faire beau et chaud tout le week-end. Les rues de Seclin sont toujours désertes. Un peu moins de 15.000 personnes y vivent, mais on n’y croise jamais personne. Ça tient presque du miracle. On croirait parfois se promener dans une ville fantôme. Surtout à Burgault, le quartier de mes parents. Dans le centre encore quelques voitures passent, quelques personnes marchent dans la rue. Vont à la boulangerie. Sortent du tabac. Mais en dehors des quelques horaires de passage, l’arrivée d’un train en provenance de Lille après les horaires de bureau, ou la sortie de l’école et du collège, le centre est très calme lui aussi. Tout ça pour dire qu’avec ce temps beau et chaud, et ces rues pratiquement désertes, on pourrait se croire en vacances le temps de quelques jours.
Des vacances à Seclin.
Nous avons déménagé à Seclin quand j’avais treize ans. Avant ça j’habitais dans un HLM, à Caulier, Lille. Nous sommes passés d’un appartement identique à tous ceux de l’immeuble, à une maison identique à toutes celles du quartier. Mais maintenant nous avons un étage, un seul voisin direct au lieu de quatre et un jardin. Et du calme. Beaucoup de calme. Notre maison se trouve dans une impasse, et jamais personne n’y passe. Avant ça, notre HLM donnait sur le boulevard Eugène-Jacquet, qui était toujours très animé. Toutes les nuits passait à toute vitesse une moto-cross.
Ici, parfois, on entend au loin les trains.
En arrivant, je sors les chaises d’extérieur rangées dans le garage, débâche la table en bois sur la terrasse – mes parents aiment bâcher les objets d’extérieur – et cueille quelques framboises.
Je les mange debout face au framboisier.
Jamais encore nous n’en avons eu autant.
Rétroliens/Pings