Se promener à Bruxelles
Alors que nous étions en vacances dans le Nord, nous avons passé quelques jours en Belgique, pour se promener à Bruxelles. Sans but. Sans destination. Juste pour marcher. Pour en parcourir les rues.
Pour y aller, nous avons longé la côte, depuis La Madelaine-sous-Montreuil. Pour ça nous avons pris l’autoroute. Rouler sur l’autoroute n’est pas toujours très passionnant, souvent même très ennuyeux, mais le long de la côte, c’est différent. La vue y est jolie. Avec d’un côté les falaises et la mer, de l’autre des collines et des vallées verdoyantes, avec broutant par-ci par-là quelques vaches. Aux environs de Dunkerque un pont passe au-dessus de l’eau.
Nous allions à Bruxelles et sur la route nous nous sommes arrêtés à La Panne. Ou plutôt à Coxyde. La ville balnéaire située juste après. Pour y manger. Pour aller à la boucherie d’Hendrik Dierendonck. La meilleure de Belgique. Selon Fanny en tout cas, et quand Fanny parle cuisine, je la crois. Comme si Jésus me parlait de vin rouge. Ou alors de scoutisme. Nous avons donc pris du poulet rôti, une cuisse, mais aussi une saucisse épicée et des pommes de terre sautées. Nous ne sommes même pas rentrés dans la boucherie. Nous avons pris tout ça au petit stand qu’il y avait juste devant, comme les stands de glaces devant les boulangeries en été. Sauf qu’à la place des glaces il y avait de la viande et des patates.
Nous avons remonté la rue jusqu’à la plage, où nous nous sommes assis sur un banc pour manger face à la mer. Il faisait doux et il n’y avait presque pas de vent. À côté de nous s’est installé un couple de personnes âgées. Pour manger une glace. Une glace chacun. Pas une glace pour deux. Notre cuisse de poulet rôti et notre saucisse et nos pommes de terre sautées n’étaient pas très chaudes. Elles étaient tièdes et délicieuses. Nous les avons englouties en quelques minutes. Sur la jetée les passants nous regardaient manger. Disons qu’ils nous zyeutaient discrètement. Mais pas suffisamment. Il faut dire qu’il était 16 heures et que les Belges ont des habitudes assez strictes quand il s’agit de manger. Ils mangent froid le midi et chaud tôt le soir. Quelle devait être leur surprise de nous voir manger tiède au milieu de l’après-midi.
Notre repas terminé, nous sommes repartis vers Bruxelles, où nous sommes arrivés par une autoroute avec dessus des feux. Des feux de signalisation. Depuis quelques mois seules les voitures “vertes” peuvent rouler dans Bruxelles. Celles qui ne consomment pas trop. C’est-à-dire les voitures récentes, ce que n’était pas le cas de notre véhicule de location. Notre C3 beige monbeaupignon.com. Comme tous ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter de voiture récente, nous voulions nous garer dans un parking en dehors de la ville puis prendre le métro, mais nous nous sommes trompés de sortie et nous nous sommes finalement garés à Anderlecht, sur une place dans la rue, juste à côté d’une grosse poubelle, une poubelle pour le verre, puis nous avons pris le tramway.
À Bruxelles, nous avons fait la même chose qu’à Lille quelques jours plus tôt. Marcher toute la journée dans la rue et s’arrêter à la terrasse des bars. À l’Union ou au Verschueren. À L’Athénée ou à La Belladone. Pour prendre un café le matin, ou quelques bières l’après-midi. En plus des rues, nous avons aussi marché dans les parcs, puisqu’à Bruxelles des parcs il y en a beaucoup, contrairement à Lille où il n’y en a pas. Nous avons parcouru les rues d’Anderlecht, de Matonge, le quartier congolais où nous avons mangé italien, d’Ixelles et de Saint-Gilles, où l’on peut encore entendre parler toutes les langues du monde en y marchant quelques heures à peine. Nous avons aussi traversé la place de Bethléem, où Fanny a habité pendant dix ans, quand encore ses collègues ne voulaient pas l’y déposer après le travail, parce qu’ils avaient peur d’y amener leur voiture. C’est toujours une sensation bizarre de marcher dans les rues de Bruxelles. C’est pour Fanny parcourir les rues de sa vie passée, et pour moi le début de notre histoire d’amour, quand j’ai découvert la ville alors que souvent nous y venions le week-end. Peut-être un jour nous viendrons nous y fabriquer des souvenirs communs.
Nous avons dormi dans le clic-clac d’Aurélie, où toujours nous dormons quand nous allons à Bruxelles. Elle a chez elle un balcon qui donne sur un parc. Le parc Pierre Paulus, où il y a une mare avec dessus des canards et des oies. Des amoureux s’allongent dans l’herbe, des solitaires s’installent sur les bancs pour lire quelques pages, et des enfants y jouent au football. Le matin le soleil se lève discrètement derrière les arbres, et le soir discrètement derrière encore il se couche.
Nous avons mangé italien, japonais, colombien et portugais. Nous avons vu Romain, l’ancien propriétaire de Fanny. Il y a quelques dizaines d’années, il a acheté avec toutes ses économies un vieil immeuble dans un quartier où personne ne voulait vivre, et où maintenant les prix de l’immobilier montent plus vite qu’un ascenseur après son cinquième café de la journée. (Les ascenseurs aussi aiment les pauses cafés entre deux heures de travail. Ce sont des employés comme les autres. Des employés en métal). Il a retapé son immeuble, a loué des appartements, en a acheté d’autres, et maintenant vit de ses rentes. Dernièrement il a refait un entrepôt où il a installé trois chaises, une plante, deux énormes enceintes et un panier de basket. Il y a fabrique des meubles en bois. Nous y sommes allés le matin et il nous a accueillis avec des bières, parce que dans son entrepôt il s’est aussi installé un grand bar. Naturellement. Là nous avons rencontré un syndicaliste du port de Bruxelles. Il a bu quelques bières avec nous. C’était une matinée de semaine et il n’en pouvait plus de la politique. Après ça nous sommes allés au Jet-7, un restaurant portugais où des ouvriers du bâtiment buvaient un petit digeo après le café, avant de retourner sur leur chantier. Nous y avons mangé du poisson et bu deux bouteilles de vin vert. Quand nous sommes repartis, le restaurant était vide, c’était l’après-midi et il pleuvait. De grosses gouttes chaudes.
Vous aimez Bruxelles ? Vous allez adorer ce numéro !
Découvrez la revue « De retour à Bruxelles »
Une autre façon de vivre la ville
Des promenades de Saint-Gilles à Anderlecht,
Des cafés et des rencontres,
L’esprit d’un lieu en 250 pages