En vacances dans le Nord-Pas-de-Calais
Au début du mois de juillet, nous sommes retournés dans le Nord. En vacances dans le Nord-Pas-de-Calais. Ou plutôt dans les Hauts-de-France, comme il convient maintenant de le dire. Deux semaines. C’était déjà le cas l’année dernière. De Lille nous étions allés à Seclin – 15 kilomètres de route – pour passer quelques jours chez mes parents, alors qu’ils étaient en vacances. En vacances en Sardaigne. Cette année encore c’est à Seclin que nous allons. Seulement cette fois c’est de Capdenac-Gare que nous partons. De l’Aveyron. 800 kilomètres. La France à traverser.
Nous sommes arrivés chez mes parents le dimanche, en début d’après-midi. C’était une belle journée d’été. Un dimanche. Bleu et ensoleillé. Nous sommes allés marcher le long du canal, où nous avons croisé une bande de vieux poivrots et deux cygnes. Fanny travaillait le lundi et le mardi, ses deux dernières journées de travail, puis nous sommes allés à Lille. Il y avait une soirée aux bureaux. Ces bureaux où je travaillais il y a quelques mois encore. Ces bureaux où j’ai travaillé pendant cinq ans, installé derrière un écran dans une grande pièce blanche, avec par terre de la moquette grise. C’était une fête de départ. De grand départ. Tout le monde est remplacé par des robots. Par une intelligence artificielle. J’ai entendu ce mot de très nombreuses fois depuis que nous avons appris la nouvelle, et à chaque fois je l’imagine installée sur un gros fauteuil en cuir noir, avec posée sur une table devant elle une grosse tasse. Au lieu d’y avoir du café dans la tasse, il y a un liquide bleu. Comme le produit pour nettoyer les vitres. Pour fêter ce licenciement économique, il y avait beaucoup de champagne, et c’est tôt le matin que nous nous sommes couchés.
Après Lille, nous sommes allés rendre visite à mes grands-parents, à Maresquel-Ecquemicourt, Pas-de-Calais. Pour y aller nous avons avons traversé la campagne du Pas-de-Calais. Pris la même route que toujours. Nous y avons bu le café et mangé de la tarte. De la tarte aux fruits. Papi n’arrive plus à se lever. Il a maigri et porte maintenant une fine moustache. Elle lui donne une tête ronde. Une tête de vieil acteur de cinéma. Je remarque maintenant que tous les hommes de ma famille ont la même tête. J’ai le même visage que papa qui a le même que Papi. Seulement avec une génération de différence à chaque fois. Mami, elle, était fatiguée. Elle doit s’occuper de Papi toute la journée.
Nous avons ensuite passé deux jours à La Madelaine-sous-Montreuil. Il a plu sans interruption le premier jour, et fait un grand soleil le deuxième. De La Madelaine-sous-Montreuil nous avons longé la côté jusqu’à la Belgique, pour aller à Bruxelles. Après quoi nous sommes revenus à Seclin, et de Seclin nous sommes allés à Lille. La journée nous nous promenions, le soir nous voyions nos vieux amis, et la nuit nous dormions aux bureaux. Là où tout a commencé. Là où nous nous sommes rencontrés. Nous passions nos nuits dans un des canapés. Le canapé de la salle de pause.
Tous les jours nous allions à La Réserve, notre café préféré, dans le quartier de Wazemmes. Le matin nous y prenions un café, en fin d’après-midi une bière. Toujours nous y regardions les gens passer. Nous avons mangé à L’Aspendos, le kebab où je vais à Lille. Le kebab où j’ai toujours été. L’intérieur ressemble à un vieux bistrot, et il y a toujours quelques vieux messieurs accoudés au comptoir avec devant eux une bière. Souvent ils ont une moustache. A l’Aspendos aussi le nom et la carte sont de style grec, mais tous les serveurs sont turcs. C’était une sensation bizarre. Comme si nous n’étions jamais partis. Comme si nous revenions simplement de quelques jours de vacances. Tout en sachant que de Lille nous ne faisions plus parti. Comme si nous étions nulle part chez nous.
Le dernier dimanche nous sommes finalement repassés à Seclin. Là encore il faisait beau. Il fait toujours beau quand l’été je retourne à Seclin, comme dans ces souvenirs d’enfance où le ciel toujours est bleu, où la température toujours est douce. Nous avons fait un barbecue, nous sommes allés nous promener sur les sentiers qui traversent les champs, jusqu’aux vaches, où nous avons fait demi tour.
Finalement nous sommes repartis. Repartis vers le sud. L’Aveyron. Nous avons fait la route d’une traite, et nous sommes arrivés en fin d’après-midi. Nous avons arrosé les légumes et les plantes, arraché les mauvaises herbes, nourri les poissons. Nous avons pris l’apéritif, puis nous avons mangé dehors. En regardant le jardin, les fleurs, le potagers. Toute la soirée nous avons lu dans le jardin, illuminé de ci de là par les derniers rayons de soleil. Nous ne sommes rentrés que pour nous coucher.
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