Hier je marchais dans les rues de Cancale, je revenais du port et il faisait beau. Un grand ciel bleu en octobre. Il y avait de petites voitures garées devant de grandes maisons. Des Clios et des Twingos blanches devant de grandes villas.

Des Malouinières en granit, derrière de hautes grilles en métal, des petits murets et des fleurs, au milieu de beaux jardins, à l’ombre des palmiers et des conifères, sur les hauteurs de la ville, avec la mer au bout du jardin. La mer à perte de vue. Rien d’autre que la mer, le ciel et l’horizon. 

Bleus.

L’après-midi est passée, les petites voitures ont quitté les trottoirs et de grosses voitures se sont mises à rentrer par les grilles, pour disparaître derrière. Cachées. À l’abri des regards. De grosses voitures allemandes. Alors j’ai compris. Ces petites voitures étaient celles des employés. Des femmes de ménages, des nourrices, des gouvernantes, des jardiniers.

Et maintenant ils s’en vont, pour laisser les maîtres des lieux tranquillement chez eux. Profiter de leur soirée. La maison est propre et rangée. Impeccable. Le linge est lavé, repassé et soigneusement plié, à sa place dans les armoires. Les enfants sont rentrés de l’école, ils ont pris leur goûter, ils ont fait leurs devoirs. Les beaux jardins sont tondus. Les fleurs sont taillées. Elles profitent des derniers rayons de soleil de cette fin de journée d’automne.

Maintenant les employés rentrent chez eux, où rien de tout ça n’a encore été fait.