La maison de campagne
L’automne dernier à Capdenac, Aveyron, j’ai marché dans une crotte de chien, et avec Fanny nous avons acheté une maison. Le tout en une minute. J’étais dehors, à me frotter le dessous de la chaussure contre la chaussée, quand Fanny au téléphone a fait une offre que le vendeur a accepté. Comme ça nous sommes devenus propriétaire d’une maison à la campagne. La campagne de l’Aveyron. Une maison avec un jardin, sept chambres, deux salles de bain et une cuisine grande comme notre appartement lillois. Avec tous les meubles, les livres, les armoires pleines de livres et un piano dans le salon.
A l’époque, nous voulions acheter un appartement à Lille, mais pour le même prix nous aurions pu avoir un 20m² en rez de chaussée, avec une chambre sans fenêtre et une salle de bain à refaire. Une salle de bain de la taille d’un placard. Quand nous l’avons achetée, nous étions chez les parents de Fanny, à Figeac, Lot. Nous revenions du marché, où nous étions allés acheter de l’aligot pour le repas du midi, et nous avons vu l’annonce dans la devanture de l’agent immobilier avec qui ses parents discutaient. C’était un samedi et nous partions le lendemain après-midi.
Le printemps est maintenant bien entamé, et le temps est venu de déménager. Nous devons quitter notre appartement avant la fin du mois d’avril, période à laquelle notre bail se termine. Nous allons traverser la France confinée. 800 kilomètres en camionnette. Nous n’avons pas encore d’électricité, et nous allons déposer toutes nos affaires dans le garage, avant d’aller chez les parents de Fanny. Nous allons passer les deux premières semaines à l’étage, où il y a une chambre et une salle de bain, pendant que ses parents seront au rez de chaussée. Nous utiliserons la vieille gazinière du garage, et eux la cuisine. Nous nous occuperons chacun notre tour du potager, et ses parents m’ont donné la mission de donner à boire aux vaches du voisin. Toutes les fins d’après-midi. A partir du printemps jusqu’à la fin de l’été, elles sont dans la pâture à côté de leur jardin, et ils leur donnent à boire en échange d’un cadeau. L’année dernière un agneau, qu’ils ont mis dans le congélateur. Ils en mangent un peu de temps en temps. Principalement quand ils font du couscous. Du couscous avec des raisins secs et des oignons confits à la cannelle.
Cette année je vais avoir trente ans, et je n’ai pas d’autre ambition que de vivre au calme à la campagne, loin de l’agitation de la ville, des open-space et des téléconférences. La première chose que je ferai une fois le confinement terminé, sera de m’acheter une canne à pêche, pour aller pêcher tôt le matin, installé à l’ombre d’un arbre, au bord du Lot. Comme quand petit, papi m’amenait à la pêche à truite le long de la Canche, dans le Pas-de-Calais. En rentrant, je ferai griller une truite sur le barbecue, je cueillerai un concombre, un peu d’aneth et nous mangerons en écoutant les oiseaux chanter.
La campagne du Pas-de-Calais, en bord de Canche
Rétroliens/Pings