Comment inventer une recette, même si vous pensez que vous ne savez pas cuisiner
Vous pensez que vous ne savez pas cuisiner? Qu’il faut des années d’expérience ou de passion pour réussir à se concocter un plat sympa et original et inventer une recette?
Hé bien détrompez-vous, c’est plus facile qu’il n’y paraît. Aujourd’hui, je vais donc vous expliquer comment je procède pour inventer une recette et trouver une cuisine à mon goût.
Ca n’est pas de la magie, mais le fruit de tests, d’erreurs et de ratés. Pour vous faire gagner du temps, voici donc le chemin que j’utilise.
Inventer une recette ce n’est pas tout inventer
Déjà, n’oubliez pas le principal : pas besoin de réinventer la roue. Des chefs et des cuisiniers ont déjà partagé leur expérience. Les livres de cuisine et les blogs sont là pour vous nourrir. Même si vous vous lancez dans une cuisine personnelle et originelle, c’est impossible que tout ce que vous proposiez soit nouveau. La façon dont vous assemblez vos ingrédients, peut-être, l’intention que vous y mettez, certainement. Mais le contexte est là, et c’est une bonne chose.
Rien ne vous empêche de partir d’une trame définie, d’un plat qui vous fait envie pour l’ajuster ensuite.
Qu’aimeriez-vous cuisiner ou manger?
Faire à manger, c’est faire plaisir et se faire plaisir. Déjà, connaissez vos goûts. Pas besoin de suivre les modes et les tendances, ce n’est pas parce que vous trouvez des verrines ou des plats en sauce à tous les coins de rue que vous devez cuisiner comme ça. Etes-vous plutôt plats à partager ou service à l’assiette, desserts aux fruits ou plateau de fromage? Etes-vous particulièrement fan de la cuisine japonaise ou de la cuisine espagnole?
C’est comme les goûts et les couleurs, il n’y a pas de mauvaise réponse. Commencez par le plaisir est toujours un bon fil conducteur.
Par exemple, au Relais du Chien Bleu, je sais que j’aime que ma cuisine ait le goût de fait-maison, d’artisanal. Je ne cherche pas à avoir la perfection visuelle d’un plat de chef – pour ça, je vais au restaurant et je me laisse servir 🙂
Si je fais des tartes, j’aime réussir ma pâte, qu’elle croustille bien, mais si le bord est irrégulier, si la garniture est disposée de manière aléatoire, ça me va très bien. Quand je sers des mezzes, je trouve ça mignon d’avoir des assiettes de couleurs différentes car non, ça n’est pas une cuisine professionnelle et je n’ai pas des services en porcelaine plein mes placards.
Comme ça, quand je l’apporte sur la table, on voit immédiatement que c’est une cuisine familiale, généreuse et sans prétention (mais quand même très bonne :)).
Comment inventer une recette à partir d’un plat existant?
Là, il y a deux familles différentes. Les plats salés et la pâtisserie.
Les plats salés permettent de prendre plus de liberté rapidement, c’est ce que nous allons voir ensuite. Mais d’abord, commençons par la rigueur des desserts.
Inventer une pâtisserie, est-ce possible?
La pâtisserie, c’est de la chimie, la notion d’équilibre et de ratio entre les ingrédients est particulièrement importante.
Ne tentez pas de prendre une recette de cake et de diviser la quantité de farine par deux pour avoir un fondant. Le risque que tout s’écroule au démoulage est beaucoup trop important.
Je vous conseille d’avoir une approche plus conservatrice. Pour la première fois, suivez la recette à la lettre.
Inventer une recette, illustration: Le far breton qui passait par l’Aveyron
Lorsque mon ami Romain était au Relais du Chien Bleu, il avait envie d’apprendre à préparer un flan.
Je lui ai proposé un premier ajustement pour nous faciliter la tâche. Le but : éliminer l’étape ultra technique de combiner une pâte croustillante et un appareil crémeux. Pour un premier essai, nous aurions sûrement fini avec une pâte détrempée et molle façon carton, et personne n’a envie de manger ça.
A la place, nous sommes donc partis sur le far breton. Ou devrais-je dire, le far aveyronnais. En effet, dans le jardin des mes parents, des grands pruniers donnent à foison. Ce sont des prunes d’ente, celles qui sont utilisées pour les pruneaux. La canicule des jours derniers a été telle qu’on pouvait ramasser les pruneaux déjà déshydratés directement sur l’herbe..
Odeur de miel, de fruits confits et d’épices douces, un vrai régal local et de saison.
Pour cette première, j’ai pris une recette de Pierre Hermé, maître incontesté en la matière. Cela donne la sécurité d’un gâteau réussi, et une première base pour ensuite tester vos ajustements.
Quand nous avons coupé une part, j’ai déjà vu quelques modifications que je pourrais faire pour que ça colle plus à mes goûts. C’est là qu’il est important de vous fier à vos envies. Le far était assez riche, entre le flan et le gâteau. Parfait pour emporter en pique-nique ou pour le goûter, facilement transportable. L’appareil était peu sucré.
Or, même si je ne suis pas fan des gâteaux ultra riches en sucre, j’aime le côté tendre de la douceur. Puis, je suis une amoureuse des textures tremblotantes. Pour la prochaine fois, je sais donc que d’un côté, j’augmenterai légèrement la quantité de sucre et je baisserai celle de farine.
Mais je le ferai par palier. La recette demandait 250 grammes de farine, la prochaine fois, j’essaie à 200 grammes.
Il y a avait 20 grammes de sucre, je pense que je passerai à 50 grammes. J’ajouterai du miel, je changerai le sirop des pruneaux. Quelques petits gestes anodins mais qui font que vous personnalisez votre recette.
Comment changer les saveurs d’un dessert?
Là encore, il s’agit d’ajustements discrets. Partir d’une base solide et faire des modifications progressives.
Reprenons notre far aveyronnais. J’ai déjà des pistes pour adapter l’appareil.
Que puis-je faire d’autre?
Regardez les composants habituels des desserts, et faites des modifications d’ingrédients qui se situent dans la même famille.
Sucre : remplacez une partie du sucre blanc par du sucre muscovado pour donner des notes caramélisées et épicées à l’ensemble. Pensez au miel et au sirop d’érable.
Sirops et jus : remplacez un vin blanc par un vin rouge pour pocher des fruits, un sirop de sureau à la place d’un sirop au citron pour imbiber un gâteau, etc.
Farine : jouez avec les différentes farines disponibles. Il ne faut jamais mettre 100% de farine complète car les desserts seront trop denses, et personne ne veut manger un parpaing au goûter. Cependant, testez une base de 70% de farine de blé non complète avec 30% d’une autre farine. Pensez par exemple au sarrasin et son côté toasté – noisette ou à la richesse du seigle.
Comment inventer votre propre plat?
Là, c’est beaucoup plus facile de sortir des sentiers battus. Une recette vous propose trois courgettes et un poivron, mais vous, votre pêché mignon, c’est vraiment le poivron. Hé bien inversez, prenez seulement une courgette et tablez plutôt sur quatre ou cinq poivrons. La quantité est augmentée car les poivrons sont plus petits et que vous voulez quand même avoir la même quantité de nourriture à la fin.
Pensez également aux épices. Troquez de la coriandre contre du cumin. Essayez du thym à la place du romarin. Garnissez de feuilles de menthe fraîche à la place de persil plat.
Le plus facile est à nouveau d’associer par famille. Remplacer une herbe sèche par une autre herbe sèche, une herbe fraîche par une autre herbe fraîche, et bien sûr, une épice par une autre épice.
Inventer une recette inspirée par votre pays préféré
Inspirez-vous des cuisines du monde. Imaginez une poêlée de courgettes. C’est facile, c’est simple.
Et pourtant, avec quelques gestes différents, vous pouvez donner une toute autre allure à votre plat.
Pensez aussi bien au choix de l’huile qu’aux assaisonnements.
Des courgettes revenues à l’huile d’olive et garnies de basilic frais crient “voyage en Italie”.
Troquez l’huile d’olive par un mélange d’huile de tournesol et d’huile de sésame, et mettez la coriandre fraîche pour que votre plat prenne des accents japonais.
D’un coup, vous optez pour du beurre, de l’ail et du persil et vous avez un plat aux saveurs françaises traditionnelles. C’est comme ça que vous pouvez prendre des chemins de traverse et adapter une recette à vos envies du moment.
Usez et abusez des exhausteurs de goût naturel
On ne parle pas de glutamate, mais des produits aux saveurs tellement concentrées qu’ils réveilleront n’importe quel de vos plats.
En vrac : ajouter une poignée de parmesan fraîchement râpé, utiliser des olives, des câpres, des cornichons coupés en dés ou des tomates confites, faire des croûtons frottés à l’ail. Des herbes fraîches et des épices, encore et toujours. Utiliser la viande comme un assaisonnement et pas comme un pièce principale : seulement quelques lanières de jambon cru fumé pour réhausser la saveur d’une salade de tomate. Terminer une cuisson avec un trait de sauce soja ou de vinaigre balsamique.
Côté sucré, les alcools et épices sont particulièrement utiles. Pour notre fameux far, les pruneaux étaient réhydratés dans du thé. Prenez un thé noir classique puis la fois suivante, un thé Earl Grey au fort parfum de bergamote, et vous aurez deux résultats totalement différents. Ajoutez 2 cuillères à soupe de rhum brun ou de liqueur de vieille prune, et là encore, vous aurez deux cousins – avec un air de famille, bien sûr, mais aussi leur caractère unique.
SURPRISE !
Ne ratez pas votre livre de cuisine offert
🌍 Une thématique par plat pour voyager tous les dimanches
👍 Des ingrédients faciles à trouver
🙂 De la cuisine généreuse, faite pour être partagée