Un opéra à Glyndebourne: des fleurs et des sirènes
En smoking et en robe de soirée, nous marchons dans les allées du marché.
Nous sommes à Lewes, Sussex, à la recherche d’un quelque chose à manger. Une pie. Une pie à la viande. Nous passons devant les marchands de légumes, puis devant le vendeur de produits laitiers, le fromager, et enfin devant les stands de cuisine. Les gens se retournent pour nous regarder passer. Nous disent bonjour nous sourient. Il faut dire que l’on ne croise pas tous les jours des gens en tenu de soirée sur les marchés. Je me sens un peu bête, en train d’hésiter entre différents types de sausage rolls, avec un noeud papillon autour du cou.
Un peu plus tard dans l’après-midi, nous allons à Glyndebourne.
A l’opéra de Glyndebourne. Un opéra vieux de presque 100 ans. Créé en 1934, quand les hommes rentraient chez eux le soir sans avoir de télé à regarder. Un opéra dans un vieux manoir, perdu au milieu de la campagne anglaise. Un vieux manoir avec une gigantesque salle d’opéra moderne. Avec d’immenses jardins, un petit lac, des allées fleuries, et même un terrain de criquet. Un jardin où se promènent des Anglais en tenues de gala, sous le regard peu impressionné des moutons des prairies voisines. Nous allons voir la présentation de Rusalka, avec ses sirènes qui flottent sur une scène marine, noire, bleu et violette, comme les mers de nos rêves d’enfants. Ceux dans lesquels on ne sait pas trop si l’on doit avoir peur ou pas.
Assis à l’ombre des rosiers
Nous allons aussi manger un pique-nique et nous promener dans les jardins en buvant des Pimm’s. Il y a deux entractes, et la navette qui nous conduit de Lewes à Glyndebourne arrive avant le début de la représentation, pour avoir le temps de profiter de la campagne. Les Anglais ont compris qu’un opéra est encore mieux quand on a le temps d’en profiter. De faire des pauses pour mieux s’y replonger. De sortir complètement du monde le temps d’une demi-journée. D’oublier que l’on travaille dans un grand bureau blanc avec de la moquette grise. De boire quelques verres. D’ailleurs dans l’opéra l’ambiance se fait un peu plus électrique après la fin de la deuxième entracte, quand toutes les bouteilles de champagne sont vides.
Il n’y a finalement pas tellement de différence entre un fan d’opéra et un supporter de football.
Mais pour le moment nous mangeons nos sausage rolls, sur le banc devant la gare de Lewes. Nous avons choisi un sausage roll au fenouil et un autre avec du fromage. Pendant que nous mangeons, le train de Londres arrive en gare, amenant avec lui un flot d’Anglais sur leur 31. On croirait voir arriver une colonie de vacances. Une colonie de vacances un peu spéciale. Avec défilé de robes et de chapeaux. De costumes et de cannes. De kilts et de fourrures.
Finalement nous rentrons dans le bus et partons vers l’opéra.
Vers Glyndebourne. Vers une après-midi féerique loin du monde.
Se rendre à Glyndebourne
L’Eurostar propose des liaisons directes entre Londres et Bruxelles, Lille ou Paris.
C’est le plus rapide et le plus facile. Arrivée à St Pancras maximum 2 heures plus tard.
De là, train direct pour Lewes, où une navette vous attendra pour vous conduire à l’opéra de Glyndebourne.