La face cachée de la vie de freelance
On a toujours des fantasmes sur les parcours qui sont différents des siens. Ca peut paraître complètement inaccessible, un peu fou, ou carrément rasoir, selon ses affinités. A chaque fois qu’on fait de nouvelles rencontres, on réalise que la façon dont on vit étonne. Parce qu’elle n’est pas usuelle.
Si vous êtes curieux et que la vie de freelance vous attire ou vous questionne, voici à quoi elle ressemble, pour nous.
Freelance mais pas que…
Vous connaissez sûrement départementales, la revue semestrielle que nous publions. Vous imaginez peut-être que nous en vivons. Hé bien non. Pour faire une revue de 256 pages sans publicité, et en vivre, il faut en vendre vraiment beaucoup. C’est pour ça que départementales est une association, quand vous achetez un exemplaire, le montant de la vente finance l’impression et le coût de production des numéros suivants.
C’est ce qui nous passionne au quotidien mais pas ce qui nous fait vivre. Enfin, si, intellectuellement et humainement, mais pas financièrement.
A côté, nous avons deux activités. Nous sommes freelance dans le digital. Axel fait des mises en page, je fais des stats et des tableaux Excel, et nous faisons tous les deux des communiqués de presse et du copywriting, c’est-à-dire de l’écriture de textes pour des clients. Ce sont des activités qui nous amusent, ça tombe bien.
L’avantage : la possibilité de travailler d’où on le souhaite. Une bonne connexion internet, et c’est parti. L’inconvénient : L’instabilité financière. Freelance = pas de contrat = d’un mois à l’autre, ça peut s’arrêter.
En parallèle, nous avons un chambre d’hôtes végétarienne dans la vallée du Lot, le Relais du Chien Bleu. Quand nous avons de la visite, Axel passe donc beaucoup de temps à faire le ménage et ranger, et moi à préparer les repas et les petits-déjeuners.
La vie de freelance en vadrouille
Faire départementales, c’est ce qui organise notre rythme de vie. Chaque année, nous partons deux fois deux mois. Souvent en hiver. J’avais toujours eu le rêve de voyager sans arrêt, d’être toujours sur la route. Maintenant que c’est le cas, je me rends compte que mes envies changent.
J’aime toujours autant être en vadrouille mais je prends plus mon temps. Adolescente, je rêvais d’aller au bout du monde. Désormais, l’idée de prendre l’avion me gêne vraiment. Je préfère le rythme lent des voyages en train, le plaisir des TER, d’aller tout doucement, de s’arrêter dans des villes au hasard.
Quand nous avons choisi la destination d’un numéro de départementales, on se trouve donc une base pour quelques semaines. Là, en semaine, on continue notre travail de freelance, à temps plein, et ensuite, on passe à la préparation du magazine.
Ça veut dire : visiter la région, en train ou à bicyclette, rencontrer du monde, trouver des idées de sujets intéressants, envoyer plein de mails pour faire des rencontres supplémentaires, demander des interviews et les faire. Penser aux recettes à faire pour la rubrique cuisine. Prendre du temps au café pour espérer entendre des brèves. Multiplier les promenades pour saisir l’esprit du lieu.
C’est la partie la plus joyeuse, la plus enthousiasmante.
C’est aussi la partie la plus fatigante physiquement, qui fait se combiner deux activités. Cela en vaut la peine, mais ça n’est pas à sous-estimer, avant de se lancer dans un projet d’une telle envergure, pour savoir où on met les pieds.
La vie de freelance à la maison
De retour à la maison, je sais qu’il y a une période de relâche de trois à quatre semaines. Après deux mois à courir partout, le rythme ralentit. Enfin, on a toujours notre travail de freelance à temps plein mais à côté, on commence à avoir des soirées libres et à souffler un peu.
On a presque l’impression que le numéro du magazine est fait, mais rien ne pourrait être plus faux. Le matériel est là, c’est vrai, mais il est brut, et tout est encore à créer. Mais pas tout de suite, d’abord un peu de repos, de lecture sous le plaid et de matinées au marché à acheter des légumes.
On retrouve le plaisir de se coucher à 21h30. Moi qui me levais tôt quand j’étais employée, je réalise qu’à la maison, durant cette période du retour, je dors désormais entre 11 et 12 heures par nuit.
Et ça fait du bien !
Ensuite, c’est la partie que je trouve la plus laborieuse. Celle où le magazine prend forme. Mais c’est lent, très lent.
Il faut faire les retranscriptions des entretiens. Écrire les introductions des articles. Développer et trier les photographies. Recopier et sélectionner les haïkus. Choisir les nouvelles et les recettes, et j’en passe.
Alors on saucissonne. Au lieu d’angoisser en regardant la montagne de travail, on découpe en mini tranches. Une retranscription par semaine. Une tâche par jour qui prend entre 2 et 4 heures. Sans regarder ce qu’il reste encore à faire. Juste s’appliquer tranquillement et en venir à bout. C’est un travail de fourmi.
Axel a un tempérament assez patient pour ce type de tâches (ce qui n’est pas le cas quand son ordi se met à planter, mais c’est une autre histoire). De mon côté, j’ai plus de mal. Je négocie avec moi-même pour faire ça “plus tard”, et je me complique la vie. Mais jusqu’à présent, c’est toujours fait en temps et en heure, simplement avec un peu plus de stress et de tracas que nécessaire.
Puis arrive la phase de relecture, avant la validation pour l’envoi à l’imprimeur. Là, vous vous dites que c’est terminé, hé bien non.
Car si on fait un magazine, c’est pour que vous le découvriez, et pour ça, il faut qu’on vous en parle. Vient donc le mois où nous vous donnons envie de lire le magazine. En amont, il faut préparer les pages de vente, toutes les choses techniques qui font que vous pouvez commander et que nous allons bien recevoir toutes les informations nécessaires pour vous envoyer votre départementales magazine.
On vous le montre sous toutes les coutures sur Instagram, dans la Carte Postale hebdomadaire. On envoie des mails pour vous inciter à commander. Et souvent, vous commandez en dernière minute, juste avant la clôture des précommandes
Et ensuite ?
Hé bien c’est reparti pour un tour ! Trouver une destination où poser nos valises pour deux mois, réfléchir à qui rencontrer, continuer notre travail de freelance, recevoir des visiteurs au Relais du Chien Bleu, partir, revenir, être super enthousiaste, être crevé, se reposer, repartir, revenir.
Et à chaque nouveau cycle, apprendre quelque chose de nouveau, être nourri des différentes rencontres, et avoir envie de continuer.
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