Les souvenirs d’un maraîcher de l’Aveyron
Ce matin au marché de Capdenac, nous avons parlé avec un des maraîchers. Celui qui a le grand stand. Le grand stand au fond des halles. Dans le coin. Cette semaine il avait de très grosses patates douces. Des patates douces grosses comme des pastèques. Des pastèques qui ressembleraient à des racines.
Il a régulièrement de gros légumes. De très grosses carottes. Les grosses carottes m’ont marqué, car j’aime ça, les carottes. J’aime beaucoup ça. Quand j’habitais seul à Lille, dans le petit appartement de la rue Jeanne-d’Arc, j’en mangeais souvent. Très souvent.
En purée. De la purée de carotte avec des œufs. Orange et blanc et jaune. C’est le plat que je me faisais le plus souvent. De la purée avec des carottes qui étaient toutes de la même taille et toutes de la même forme et toutes de la même couleur. Bien orange.
Comme si elles étaient fabriquées en série à la chaîne, dans une usine à carottes, posée sur le bord d’une petite route de campagne, avec de grandes cheminées blanches.
Avec le monsieur du stand de fruits et de légumes rangé dans un coin des halles, nous avons parlé de météo. Ou plutôt de climat. C’est la fin du mois de novembre et il a encore des tomates. De petites tomates. Oranges et jaunes et rouges pales. L’année dernière, il en a eues jusqu’à début décembre.
Depuis qu’il a repris la production de son père, il y a trente ans, il a régulièrement changé la période de plantation des légumes. Il plante les légumes d’automne un mois plus tard qu’au début. Avant il y avait du gel. Maintenant il n’y en a plus.
L’hiver il devait chauffer les salades dans les serres. Les chauffer au fioul. Heureusement qu’il ne doit plus le faire. Le fioul coûte bien trop cher. A l’époque, il l’achetait 1,30 francs.
Maintenant le prix est le même. Mais en euro. Tout à augmenté. Tout sauf le prix du lait. Il le vend toujours au même prix qu’au début. C’est-à-dire qu’il le vend à perte. C’est pour ça qu’il font de la crème. Et du fromage blanc. Du fromage blanc épais et onctueux.
Quand il était petit, l’hiver il y avait des oiseaux. Beaucoup d’oiseaux passaient dans le ciel de l’Aveyron. Il y avait des groupes d’alouettes. De grands groupes de dizaines et de dizaines d’alouettes. Il aimait les regarder passer dans le ciel, au-dessus de la ferme.
Maintenant il n’y en a plus. Maintenant au-dessus de la ferme, l’hiver le ciel est vide.
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