La tarte à gros bords
C’est notre premier soir à Fort-Mahon et nous mangeons de la tarte à gros bords. Nous y passons quelques jours, dans une petite maison bleue. Une maison de quatre mètres de large. Une ancienne maison de pêcheur.
Nous sommes dans la dernière rue avant les dunes et devant la porte d’entrée il y a un petit tas de sable. Derrière, il y a un petit jardin. Un petit jardin aussi étroit que la maison, tout en longueur, et au bout, il y a une petite cabane en bois. Dans le jardin des voisins, il y a un rosier. Avec dessus des roses jaunes.
A moins de cinq minutes à pied, il y a la mer. Les longues plages du nord. Pour y aller, c’est toujours tout droit, et pour y aller, on ne croise personne. C’est l’automne et il n’y a personne à Fort-Mahon.
Dans les longues rues, il y a des maisons de toutes les couleurs, des maisons pastel et tous les volets sont fermés. Il n’y a presque pas de voitures sur les trottoirs.
Le manège sur la plage est fermé lui aussi. Entouré d’une bâche en plastique rose. Tous les touristes, tous les résidents secondaires, sont partis depuis des semaines et il ne reste plus que les habitants de la ville. Ils ne sont pas beaucoup.
Quand on se promène, c’est comme marcher dans une ville perdue en dehors du temps. Une ville à moitié abandonnée. Un ville d’après. Après une catastrophe. Comme dans les films de science-fiction.
Hier nous avons été à l’épicerie et j’ai été surpris de trouver des journaux avec les nouvelles du jour.
Quand nous sommes arrivés, nous sommes passés devant une boulangerie, sur la route principale. La rue où il y a les commerces. Une boulangerie à l’ancienne, qui ressemble aux boulangeries où j’allais petit avec mes grands-parents, avant que les boulangeries de leur village ne ferment.
Elle était ouverte, ce qui nous a surpris, parce qu’aujourd’hui c’est dimanche et que quand nous sommes arrivés, c’était la fin d’après-midi.
Nous avons posé nos affaires dans la petite maison bleue et nous y sommes allés. C’est la première marche que nous avons faite à Fort-Mahon. Aller à la boulangerie.
Nous sommes allés à la boulangerie avant d’aller voir la mer et c’était une très bonne idée, parce qu’à la boulangerie, ils avaient de la tarte à gros bords.
Dans ma famille c’est comme ça qu’on appelle les flans. Chez mes grand-parents. Du côté de mon père. Tous les dimanches de mon enfance, et aujourd’hui encore quand je vais rendre visite à mamie, il y a pour le dessert de la tarte à gros bords. Ou alors pour le goûter. Avec le café.
Dans la boulangerie de Fort-Mahon, il en avait différentes variétés. La classique à la vanille, mais aussi aux pruneaux, aux prunes ou aux abricots.
Nous avons pris celle aux pruneaux, parce que c’est celle qu’il y avait souvent sur la table de mes grands-parents. Il y en a toujours de la nature et une autre aux pruneaux. Pour que tout le monde puisse choisir celle qu’il veut.
La tarte à gros bords de la boulangerie de Fort-Mahon porte bien son nom. Elle a vraiment de très grands bords. C’est un flan avec beaucoup de profondeur.
La nuit est tombée et nous avons mangé notre premier repas à Fort-Mahon. Dehors il y a les dunes, et un peu plus loin il y a la mer, et pour le dessert nous mangeons notre tarte à gros bord aux pruneaux. Je suis toujours très content d’en manger.
Nous sommes venus ici quelques jours avec les parents de Fanny et une tarte à gros bords, ils ne savaient pas ce que c’était. Ils pensaient bêtement que l’on mangeait un flan. Un flan sans histoire.
La tarte à gros bords de notre première soirée à Fort-Mahon était très bonne. Délicieuse. Elle avait le goût d’un dimanche après-midi à Maresquel-Ecquemicourt, Pas-de-Calais. Ne manquait plus que l’odeur du café de mamie en train de passer dans la cuisine. Et le bruit de la cafetière que l’on entend dans toutes les pièces de la maison.
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