Dans les rues de Montparnasse
Le week-end dernier nous sommes allés dans le quartier de Montparnasse, Paris, et à Montparnasse déjà il y avait des fleurs. Les premières fleurs de printemps. Des perce-neiges, des jonquilles, des fleurs de magnolia. Des camélias. Nous tombions dessus au coin des rues, devant des immeubles de pierre, au pied des églises. Ou alors derrière les bancs dans les parcs. Elles apportaient un peu de couleur dans le gris de Paris.
Le gris du ciel, le gris des rues, le gris de la Seine.
À Paris l’hiver tout est gris.
C’était le dernier week-end de février. Fin février semble un peu tôt pour un début de printemps. Fin février, on s’attend plutôt à être surpris par une tempête de neige. À l’entendre crisser sous nos pieds. Ou à glisser sur des plaques de verglas. Pas à sentir les fleurs en passant sous les arbres. Ou à manger des croissants en regardant les jonquilles se balancer dans le gris de Paris.
Nous avons passé le week-end à marcher. À remonter de longues rues sous la pluie. Les rues de Montparnasse. Il a plu les deux jours, et nous les avons passés trempés. Nous avions une chambre à l’hôtel Lenox. L’hôtel du film Chambre 212, de Christophe Honoré. Une chambre bleue et grise. Avec vue sur le cinéma d’en face. Le cinéma de la galerie Les Parnassiens. “7 salles, 7 films”, disait la devanture. Devant il y avait garée une vieille Peugeot 205 grise. Dans le film de Christophe Honoré, tout se passe dans cette rue. Dans l’hôtel, dans les appartements au-dessus du cinéma et au Rosebud, où l’on peut boire des martini et manger du steak tartare. Nous y avons pris un verre accoudé au comptoir, à regarder le barman préparer des cocktails dans sa veste blanche.
Dans notre chambre, puis quand nous sortions de l’hôtel, en évitant de marcher sur les pétales de camélia éparpillés sur le trottoir, et quand nous remontions la rue Delambre, nous avions l’impression d’être dans un film. Un film où il ne se passerait pas grand-chose. Où les gens marcheraient sous la pluie.
Quand nous ne marchions pas sous la pluie, nous nous réfugions dans les brasseries et dans les pâtisseries. Entre deux averses, nous regardions les joueurs de tennis du jardin du Luxembourg. Ou les jeunes skaters de la rue de Vaugirard. Puis nous sommes repartis vers la gare du Nord, où nous avons pris notre train du retour. Un retour à Lille. Quand nous sommes arrivés, la nuit était tombée depuis longtemps, et à Lille aussi il pleuvait. Alors c’est en marchant sous la pluie que nous sommes rentrés chez nous.
Je m’arrête
pour sentir la bonne odeur
de l’arbre en fleurs.
Entre deux pluies
le soleil illumine
les jonquilles.
Main dans la main
le garçon et son grand-père
traversent sous la pluie.
Endormi à la table
d’une terrasse parisienne
le vieil SDF hirsute.
Sur le trottoir
devant l’hôtel
des pétales de roses.
Dimanche matin
le garçon regarde
les poulets rôtir.
Après le cinéma
une crêpe sucre citron
en regardant la pluie.
Un pétale
de magnolia sur la tête
se promène petit chien.
Avant de m’asseoir
sur le banc j’en retire
les pétales de magnolia.
Face aux joueurs de tennis
du jardin du Luxembourg
je mange un croissant.
Cour du commerce Saint-André
le moineau aussi
à l’abri de la pluie.
Les adresses :
Hotel Lenox : 15 Rue Delambre, Paris
Le Rosebud : 11 Rue Delambre, Paris
Cinéma les 7 Parnassiens : 98 Boulevard du Montparnasse, Paris
L’avant Comptoir De La Mer : 3 Carrefour de l’Odéon, Paris
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