Comment publier un livre ou un magazine?
Depuis toujours, vous avez cette petite voix qui vous dit que vous avez envie d’écrire, que vous rêvez de publier votre livre, d’éditer votre magazine ou de sortir votre livre de cuisine. Parfois, en vous endormant, il y a même quelques phrases qui viennent, quelques idées fulgurantes.
C’est là que vous croyez que vous l’avez, ce livre en vous. Vous vous faites la promesse de vous y mettre sérieusement. Vous avez débuté plein d’entrain. Puis la routine recommence, vous oubliez votre projet et n’osez pas vraiment vous y remettre, comme vous n’avez pas envie d’échouer à nouveau.
Vous recommencez ce cycle en boucle, avec toujours cette petite voix qui vous dit “mais oui tu peux le faire ton bouquin”, et l’autre petite voix, une vraie saleté celle-là, qui répète en boucle “allez abandonne, tu n’y arriveras jamais, comme tout ce que tu fais”.
Je ne sais pas si ce schéma vous est familier. En tout cas, ça a été le mien pendant de nombreuses années, et c’est toujours le cas – on est souvent assez nombreux à s’engueuler dans ma tête.
Le plus dur n’était pas d’écrire mais de continuer.
Quand nous étions en train de préparer le premier numéro de Départementales, n’imaginez pas des séances de travail régulières étalées dans le temps, paisibles et douces. Visualisez plutôt des montagnes russes. Des plages de travail intense, où la motivation et la confiance sont là pour avancer, se faire un peu peur aussi. Puis d’autres de découragement ou d’angoisse avec l’appui sur le bouton “pause” le temps remettre les pièces en place.
Vos cycles sont peut-être différents. En tout cas, ce qui est certain, c’est que pour publier son livre, la qualité principale, c’est la patience.
Pour mener à bien ce projet, la pensée qui nous a aidé, c’est celle qui disait “c’est comme ça que ça doit se passer et pas autrement”.
Et si vous vous disiez que c’était ça le processus d’écriture ? Pas plus facile, pas plus rapide, mais exactement ça.
Ensuite, que faire pour être publié? Voici ce que nous aurions aimé savoir au moment où nous lancions Départementales. On espère que ça vous aidera !
Être publié: quel degré d’indépendance voulez-vous?
La première question à vous poser est de savoir si vous voulez tout faire tout seul ou être accompagné.
Pourquoi s’auto-éditer?
Pour Départementales, nous avons choisi la voie de l’indépendance à toutes les étapes car nous voulions décider chaque détail et tout faire à notre sauce.
Quand vous êtes si fier de votre magazine, c’est là que vous vous rendez compte que c’est à peine 5% du chemin.
L’avantage : ça désacralise. L’étape d’écriture est la plus facile par rapport à tout le reste alors pas de raison de ne pas se lancer.
Puis, si vous êtes curieux, c’est l’occasion d’apprendre mille choses. Néanmoins, c’est la variante qui demande le plus d’investissement et qui est la plus risquée – surtout si vous optez pour un livre ou magazine papier et pas une version digitale.
Comment publier son livre dans une maison d’édition?
Décidez si à la place, vous souhaitez passer par un éditeur. Là, vous passez la ligne d’arrivée une fois votre texte rendu, et vous ne vous souciez pas du reste. Cela implique aussi de trouver la maison d’édition qui ressemble à votre projet et qui vous acceptera – et donc d’être capable de recevoir des lettres de rejet tout en continuant d’écrire, coûte que coûte. Solliciter, expliquer son projet, recommencer.
C’est la décision primordiale à prendre et qui entraîne toutes les autres. Si vous avez un éditeur, arrêtez-vous ici et retournez écrire le projet de vos rêves !
Comment publier un livre : choisir le bon format
Souhaitez-vous un format papier ou digital ? Le digital, c’est la version simple – coût dérisoire, pas besoin de se tracasser avec l’impression et la distribution physique.
Mais le charme d’un papier tout doux sous les doigts, le plaisir de ranger SON livre dans SA bibliothèque, ça n’a pas de prix (ou plutôt, ça le vaut).
Là, vous devrez décider la taille de votre publication, le type de papier, le type de fixation des pages ainsi que les couleurs et le mode d’impression que vous voulez.
Vous vous chargez de fournir les fichiers d’impression, généralement au format PDF. Il y en a deux : celui contenant la couverture (comprenant aussi la largeur de la tranche), et celui avec les pages du magazine, toujours un multiple de quatre.
Pour Départementales, nous avions donc un PDF de 4 pages + tranche pour la couverture, et un second de 256 pages pour le corps du magazine.
Choisir son imprimerie pour publier son magazine
Où voulez-vous imprimer ? Près de chez vous pour pouvoir visiter l’imprimerie et avoir un vrai contact ? A l’étranger pour diminuer les coûts, mais en faisant confiance à l’aveugle ?
Nous avions envie de faire ça en Europe, sans savoir si les différences de budget étaient phénoménales.
Pour ne pas avoir à appeler toutes les imprimeries européennes, nous avons fait un premier tri en achetant les derniers exemplaires de nos magazines favoris et en regardant le nom de leurs imprimeurs. Cela permettait déjà de faire une première liste. Globalement, les variations de tarifs sont autour de 15-30%.
Ici, nous avons choisi au feeling et au coup de cœur. La partie feeling, c’est d’avoir trouvé un super service client. Ne pas recevoir seulement un devis mais aussi des conseils, des explications sur les formats, les types de papier, avant même de démarrer une collaboration ensemble. Être accompagné, ça rassure !
Les demandes à faire à votre imprimeur
Avant de lancer votre impression, demandez à recevoir des échantillons de papier pour être sûr des textures et du degré de brillance ou de mat que vous souhaitez.
Quand votre livre ou magazine est prêt, vous pouvez commander des épreuves chromatiques afin de vérifier le rendu des couleurs. Nous ne le ferons peut-être pas à chaque fois mais pour une première, ce coût supplémentaire paraissait primordial.
Une fois que vos fichiers sont envoyés, vous recevrez aussi des épreuves papier, des planches avec le rendu de vos fichiers. Là, il s’agit du rendu de la mise en page à l’échelle, mais pas forcément les couleurs exactes par rapport à la version finale. Cela vous permet de vérifier l’harmonie de votre projet – en plus de permettre une dernière relecture à la recherche de coquilles (on les voit beaucoup mieux sur papier que sur écran).
Pour publier un livre, les mentions légales, c’est primordial !
Ne les oubliez pas, c’est obligatoire. Elles sont différentes pour les livres et les magazines. Nous nous sommes emmêlés les pinceaux avec tous les acronymes de départ. Pour vous permettre de vous y retrouver immédiatement, voici ce que vous devez savoir.
Le dépôt légal se fait en ligne sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, ce qui simplifie le processus.
LIVRE :
Dépôt légal : Mois + Année
Imprimé en PAYS par NOM DE L’IMPRIMEUR
Numéro ISBN
Rédacteur de publication : PRENOM + NOM des responsables
Le prix doit être noté de façon claire
Vous pouvez ajouter un code barre associé au numéro ISBN pour que les libraires scannent votre ouvrage plus facilement.
MAGAZINE :
Dépôt légal : Mois + Année
Imprimé en PAYS par NOM DE L’IMPRIMEUR
Un numéro ISSN se demande à partir du second exemplaire. Pour le premier, indiquer “Numéro ISSN en cours”.
Rédacteur de publication : PRENOM + NOM des responsables
Le prix doit être noté de façon claire.
Comment savoir combien d’exemplaires imprimer ?
Je vous conseille de faire un devis avec plusieurs options vraiment différentes, ne serait-ce que pour étudier vos différents scénarios.
Le coût principal d’une impression, c’est le lancement des machines. Cela veut dire que les frais fixes sont très élevés, puis, plus l’on imprime, plus le tarif par magazine est dégressif.
Pour Départementales, on a longtemps hésité entre imprimer un gros volume à vendre sur une année ou commencer petit. On a préféré choisir la sécurité (c’est fou comme on est prudent quand il s’agit de ses propres économies!).
Le coût d’impression nous revient donc à 9 euros le magazine, en ayant choisi un papier épais qu’on aimait, avec un bon traitement pour que les couleurs ressortent bien.
Si nous avions décidé d’imprimer 10 000 magazines, le coût aurait été de 6 euros l’exemplaire. Si vous voyez large, pensez au stockage, ça prend (vraiment) beaucoup de place.
Le bon calcul à faire
Il faut donc voir en fonction de votre budget initial, bien sûr. Mais aussi calculer le coût d’équilibre : combien de magazines devez-vous vendre pour couvrir votre investissement de départ ?
Si vous êtes tentés entre deux volumes, faites également une modélisation. Imaginez : vous hésitez entre imprimer 2000 et 5000 exemplaires. Vous avez votre point d’équilibre, d’accord. Mais, quels seront les bénéfices dans chaque cas si vous vendez 100, 500, 1000 magazines?
C’est important de se créer un bon Excel pour vous aider à prendre des décisions – en plus d’être super sympa à faire (oui, vraiment!).
Attention, mettez bien toutes les variables de l’équation dans votre tableau. Pensez aux impôts à payer, aux coûts annexes, à l’expédition et à la distribution !
Quel statut pour être écrivain ?
Ca y est, vous a compris comment publier un livre, et là, plein de nouvelles questions abondent.
La principale, qui se posera tôt ou tard, c’est de savoir comment vous allez déclarer vos revenus. Nous avons opté pour l’option la plus souple et la plus flexible : le statut d’auto-entrepreneur. La première fois, vous déclarez vos revenus au bout d’un trimestre complet puis, ensuite tous les mois. Vous payez ce que vous devez à chaque déclaration, ce qui évite les coups de stress à la fin de l’année.
Chaque situation est différente, renseignez-vous : il y a parfois des aides pour avoir des charges et cotisations allégées la première année (notamment l’ACRE).
En tant qu’auto-entrepreneur, vous déclarez vos revenus perçus, et vous ne facturez pas la TVA. Vous ne pouvez donc pas faire de notes de frais ni récupérer la TVA des achats liés à votre structure. Les devis de l’imprimeur sont envoyés hors-taxe, n’oubliez pas le surplus TVA au moment de passer à la caisse.
J’attends un an pour avoir les chiffres exacts, mais j’ai tablé sur 25% de prélèvement, charges et impôts – à confirmer fin 2021 pour avoir du recul.
Concrètement, pour un exemplaire de Départementales que nous vendons 19 euros, cela signifie que nous devrions payer autour de 4,75 euros à l’URSSAF.
Vous facturez des frais de port? N’oubliez pas de les déclarer à l’URSSAF aussi.
Si vous faites ça de façon non lucrative et que vous ne pensez pas en tirer un revenu, le statut d’association est fait pour ça. C’est ce que nous avons choisi pour Départementales.
Après avoir publié son livre, comment le vendre?
Voulez-vous vendre en direct ? Si oui, comment ?
Devez-vous créer un site internet ? Comptez-vous passer uniquement par les réseaux sociaux ? Allez-vous faire des newsletters ?
Quelle plateforme de paiement allez-vous utiliser pour que les acheteurs puissent commander votre ouvrage en ligne de façon sécurisée? Quels sont les commissions de chaque plateforme?
Allez-vous contacter les libraires un par un ou passer par un distributeur qui se chargera de diffuser votre ouvrage dans son réseau ?
Allez-vous cibler uniquement quelques librairies ou cherchez-vous à être présent partout ?
Prenez en compte que les libraires prennent d’abord des magazines et livres en dépôt pour tester. Cela signifie qu’ils les exposent mais ne vous les achètent pas encore. Ils vous paieront les exemplaires (avec une remise libraire généralement autour de 30%) une fois qu’ils seront vendus.
Pensez à faire un modèle de facture et un modèle de “Bon de dépôt”. Je vous conseille de numériser tous vos documents et de les classer dans des dossiers mensuels, qui correspondent au rythme des déclarations de l’URSSAF.
Comment expédier votre livre ou votre magazine ?
Si vous vendez en direct, comment allez-vous envoyer vos magazines ?
A partir d’un certain volume, les imprimeurs proposent un service de routage. Cela signifie qu’ils mettent votre ouvrage sous un film plastique et impriment l’adresse du destinataire dessus. Vous n’avez qu’à leur transmettre votre fichier de contacts et ils se chargent du reste.
En général, le coût se calcule par tranche de 1000 exemplaires et tourne autour des 80-140 euros. A cela s’ajoute le coût fixe du transport pour un dépôt poste (le fait de demander à l’imprimeur de se déplacer pour poster tous vos exemplaires, entre 50 et 120 euros). En parallèle, vous devez contacter la Poste pour un devis des frais d’expédition que vous devrez régler de votre côté ou rembourser à l’imprimeur qui aura fait l’avance pour vous au moment du dépôt.
Tout cela se fait en une étape ce qui signifie avoir déjà un volume conséquent de magazines déjà vendus et prêts à expédier en une fois. Vous ne pouvez pas stocker les magazines chez l’imprimeur sauf s’il propose ce service à un coût supplémentaire.
Autrement, vous pouvez bien sûr recevoir tous les exemplaires chez vous. Anticipez-bien, ça prend de la place. Un numéro de Départementales pèse un peu plus de 550 grammes. Imaginez que vous en commandiez 2000 : Avez-vous assez d’espace pour stocker 1100 kilos de papier chez vous ?
Et avez-vous envie d’écrire à la main les adresses de 2000 personnes ?
(réponse ici : OUI!)
Publier son livre, et après ?
J’ai failli vous partager mes tableaux de suivi Excel mais l’article est déjà bien assez long comme ça, et je voulais vous préparer quelque chose d’utile et de digeste. Je les réserve donc pour un prochain article, avec une étude de cas dédiée à Départementales Magazine, évidemment.
Vous verrez comment choisir le prix de vente de votre ouvrage, comment estimer les volumes d’impression et les types de distribution, et tout ça seulement grâce à des joyeuses statistiques et des modélisations faciles.
A suivre au prochain épisode !
Envie de voir le résultat final ?
Lisez Départementales Magazine !
250 pages de joyeuses rencontres,
Et de photo argentique
Une nouvelle façon de vivre la ville